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BLANCA
ESPINOZA
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Tango. Obra bilingüe
en español y francés.
Montreal/Berna: Cielo
raso, 2005. (Pulse la imagen para agrandarla)
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"Tango"
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Gardel toma
y olvida, alcanza a percibir a la mujer de Girondo, la alada. Justo el
tiempo de sentir la mano rodeando la cintura. Cada vez más cerca
los cuerpos se reconocen en un juego de pies hacia atrás, hacia
adelante combinando giros con torbellinos en que el deseo se instala. Entonces
las mejillas rozan la humedad de labios que endulzan, succionan las delicadas
formas. Allí, donde los dioses han sido generosos. Voluptuosidad.
Lenguas llevando su propia danza mezclan la saliva de rito sagrado y la
respiración marca el estremecimiento. Capta el cerebro el compás
y los cuerpos no responden, emergen en su propio ritmo llevando la totalidad
a las diversas formas. Se desplazan las manos espontáneas, tocan
cabello, vello y piel. Dedos serpientes abren paso, sienten la humedad,
la dureza, entonces la voz se quiebra en un murmullo consonántico
y silábico. Lamento. Separan los rostros su contemplación,
fijan las pupilas labios entreabiertos, soplo entrecortado, la espalda
humedece la intensidad de un escalofrío, mientras los párpados
cierran el pliegue sudoroso. Gardel entama solitario otra melodía.
Lucha de cuerpos aún, roja metáfora de deseos jubilosos desciende
y moja la piel, la mirada languidece, toman las manos la tela, brusquedad
en el gesto, se pierde la boca en la tensión de la piel, la desnudez
sorprende, invade, osa, paraliza. Pasa la unión de la violencia
a la ternura, momento en que el universo se recoge en el espacio de un
sentimiento desgarrador.
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Gardel boit
et oublie, peut distinguer la femme de Girondo, l’ailée, juste le
temps de sentir la main entourant la taille. Les corps, chaque fois plus
proches, se reconnaissent dans un jeu de pieds vers l’arrière, vers
l’avant, combinant tours et tourbillons quand le désir s’installe.
Alors, les joues touchent l’humidité, des lèvres apaisantes
lèchent les fragiles formes, là, où les dieux sont
toujours bienveillants. Sensualité, langues qui mènent leur
propre danse mêlent la salive de rite sacré et le souffle
dit le frisson. Le cerveau saisit la cadence, les corps n’accordent pas
leur réponse, ils émergent sous leur propre rythme, amenant
le tout aux diverses formes. Les mains se déplacent spontanées,
cheveux, duvet et peau sont frôlés, ces doigts serpents ouvrent
des chemins, sentent l’humidité, la dureté, alors, la voix
est brisée dans son murmure syllabique. Lamentation. Les visages
se séparent dans leur contemplation, les pupilles fixent les lèvres
entrouvertes, souffle entrecoupé, le dos humecte l’intensité
d’un tressaillement pendant que les paupières ferment le pli qui
sue. Gardel projette solitaire une autre mélodie. Les corps se débattent
encore, la rouge métaphore de désirs joyeux descend et tâte
la peau, le regard languit, les mains s’ accrochent à l’étoffe,
brusquerie dans le geste, la bouche perdue dans la tension. La nudité
surprend, envahit, ose, paralyse. L’union des corps passe de la violence
à la tendresse, moment où l’univers recueille l’espace d’un
sentiment déchirant.
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